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           TABLEAU DE t \   LITTÉRATURE DU NORD.           303

présentera sous des masques divers, bien qu'ù l'accent de la
voix on reconnaisse le personnage. Voici d'abord le Celle ou
Gaulois, sorti de la haute Asie, à une époque antérieure à
toute histoire, et traçant d'Orient en Occident, à la poursuite
du soleil, la route des émigrations postérieures ; le Celte ou
Gaulois sociable, à l'imagination vive et flexible, en un mot
notre vrai père. Puis le Germain énergique, aux yeux bleus,
à la chevelure rousse comme le poil de l'aurochs de la forêt
hercynienne, et le Goth, voyageur intrépide, quoique resté à
l'arrière-garde, s'acheminant des flancs du Taurus jusqu'aux
sombres rivages de Thulé. Plus loin, sur la plaine solitaire,
traîné dans sa maison roulante, le Slave ou Vende, grossier,
ignorant tout, jusqu'au désir, suivant la forte expression de
Tacite.
   La linguistique se charge de fournir des preuves nom-
breuses, péremptoires, de la consanguinité de ces races, en
remontant à leur auteur commun. Nous n'en citerons qu'une
seule pour chacune : chez les Celtes, le Dieu du ciel porte
le nom de Dia, Duw. N'est-ce pas évidemment le Devas des
Hindous, le Teos, le Deus des Grecs et des Romains. Les
Germains, Tacite le dit, honoraient le dieu Teuto, père de
Mannus le législateur, et la déesse Hertha, mère commune
des mortels. Or, sur les rives du Gange, on nommait la terre
Ira, l'homme primitif Manus, les génies terrestres Daîtyas ;
et sur les bords du Niémen, à deux mille lieues du Gange,
la mythologie slavonne donne au Dieu suprême le nom de
Bog, qui n'est autre que celui de Bhagas, le Destin chez les
Indiens et les Perses.
   Des analogies pareilles existent partout, et partout M. Eich-
hoff les a fait ressortir, en analysant les grands poèmes de
l'Edda, de Béownlf, desNiebelungen.
   Maintenant, voulons-nous pénétrer avec l'auteur dans ces
contrées poétiques, nous devons nous armer d'un courage qui