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TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD. 301 qui cueillit probablement les fruits dorés de la vallée de Cachemire, s'étendit ensuite de proche en proche avec la fécondité du figuier indien, des sables brûlants de Ceylan aux glaces perpétuelles de l'Islande ; qu'en Europe , ses rameaux principaux ont formé quatre groupes de peuples : Celtes à l'ouest, Pelasges au midi, Slaves à l'est et Germains au nord ; que tous, ainsi que les rameaux asiatiques, — dont nous n'avons pas à parler ici, — offrent dans leurs idiomes, leurs traits, leurs croyances et leurs traditions, de telles ana- logies au sein même de leur variété, qu'ils peuvent être réunis sous un type unique qu'on est convenu d'appeler Indo- Européen. Celle famille, c'est la nôtre, ne l'oublions pas ; ces races, sœurs par le sang de leurs veines, comme par les affinités du langage, ont le droit d'occuper notre attention. L'heure est venue où il n'est permis à personne de s'ignorer soi-même, et il semble qu'avec le souffle du siècle qui s'an- nonce, notre sympathie doive s'élendre sur la surface lout entière du globe habité. C'est celte curiosité pour ainsi dire filiale, naturelle à tout esprit élevé, qui conduisit, il y a quelques années, M. Eich- hoff, à la suite de constants efforts, de l'élude des langues clas- siques et germaniques, à celle de la langue primitive appelée par les Indiens Sanscreta, c'est-à -dire concrète, parfaite. M. Eichhoff, dans un livre important : Parallèle des langues de l'Europe et de l'Inde, a contribué à populariser en France la philologie comparée; il a démontré, concurremment avec les Grimm, les Bopp, les Burnouf, les rapports du sanscrit avec le grec, le latin, les idiomes celtiques, germaniques et slavons. Celte importante découverte ne pouvait rester sans résultat sur l'histoire et la critique des littératures étrangères. Une idée vraiment haute, une fois qu'elle a lui pour un homme, pour un savant, le suit dans toute son existence, dans toutes les productions de son activité. Les littératures