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                             .!. AUTRAN.                         2/3
    Sous ce titre les Laboureurs, et sous cet autre les Soldats,
iM. Autran nous a donné deux poèmes dont l'action simple et
naturelle est empruntée aux réalités les plus universelles de no-
tre temps, et qui pour cela nous intéressent tous. La familiarité
du sujet s'y trouve ennoblie jusqu'à la dignité de la poésie par
l'élévation morale du sentiment, par une chaleur d'honnêteté
pénétrante et une inspiration soutenue qui fait jaillir de chaque
détail de la vie ordinaire quelque trait d'une grâce délicate et
distinguée. Nous ne cherchons pas à analyser ces deux poèmes
pour laisser aux nombreux lecteurs qui les attendent tout l'in-
térêt du récit en même temps que tout le charme des beaux
vers. Ce que nous voulons consigner ici, ce sont nos propres
impressions à cette lecture et le jugement qu'elle nous suggé-
 rait sur la poésie de M. Autran. Si les Poèmes de la Mer s'adres
saient surtout à l'imagination des poètes, ce volume est fait pour
parler au cœur, c'est-à-dire à tous. C'est avec une émotion pro-
 fonde que nous relisons le tableau de la mort du laboureur rece-
 vant l'Extrême-Onction de la main de son fils, curé de village ,
 et celui de la mort du soldat, assisté dans son agonie par la sœur
 de charité, que les affections humaines ont touché seulement de
 l'étincelle nécessaire pour embraser son cœur de l'amour divin.
 Les épisodes les plus variés mélangent de gaîté et d'esprit les
 scènes d'attendrissement. De charmants paysages encadrent l'ac-
 tion. M. Autran traite le paysage avec amour ; le sentiment
 de la nature, une des grandes sources du génie lyrique, fait cir-
 culer dans ses descriptions ce souffle de vie qui anime celles des
 maîtres de notre poésie moderne, et qui les distingue si profon-
 dément des procès-verbaux misérables que l'école descriptive
 de l'Empire prenait pour la peinture de la réalité. Cédons au
 plaisir de citer une de ces descriptions :

         C'était vers les hauteurs que couronne Coyrcsle.
         Dominant la campagne, une colline agreste
         Présentait aux rayons qu'allonge le couchant
         Les vieux chênes, les pins, groupés à son penchant ;
         A leurs pieds, les trésors de la seule nature
         Toutes ces libres Heurs qui viennent sans culture,
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