page suivante »
.T. AUTRAN. 271 Et la volonté du Très-Haut. F,c zéphir souffla : les ténèbres Qui planaient sur les horizons Repliant leurs ailes funèbres Retournèrent à leurs prisons. Rappelé par l'antique abîme , L'océan découvrit la cîme Des monts foulés par son orgueil, Et la terre enfin dévoilée Comme une veuve consolée , Quitta son vêtement de deuil. Ces strophes, prises tout à fait au hasard, peuvent fournit- une idée du beau mouvement, de l'harmonie, de l'ampleur que M. Autran sait donner à la forme poétique. A côté de ces pièces et d'autres, telles que Pater Oceanus, la Mer morte , où la so- lennité du style se met de niveau avec l'élévation de la pensée , nous rencontrons des tableaux d'un style plus familier, comme Circumnavigation, les Pêcheurs, charmantes marines qui lut- tent de coloris et de relief avec les œuvres du pinceau ; les Naufragés, élégie religieuse pleine de larmes, le Fond de l'Océan , fantastique peinture des abîmes , le Voyage au pôle arctique où brille tant d'esprit et d'humour, toutes composi- tions d'une étendue considérable , encadrées dans une série de petites pièces pleines de grâce et de sentiment. Depuis que M. Autran a voulu jeter au feu ce qu'il lui plaît d'appeler ses premières ébauches, il se présente à la critique avec trois œuvres des caractères les plus divers, attestant cette heureuse souplesse et cette abondance qui est un des côtés re- marquables de son talent.- la tragédie , la poésie lyrique, l'épo- pée familière; il a parcouru ces trois genres avec un égal succès. Les Poèmes de la mer nous l'offrent surtout comme poète lyri- que , et la poésie lyrique c'est l'essence même de la poésie ; tous les autres genres de compositions n'appartiennent réelle- ment à la poésie que par l'élément lyrique plus ou moins appa- rent, plus ou moins caché que l'écrivain peut y renfermer ; c'est à des œuvres lyriques qu'il faut revenir pour juger de l'intensité