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 260                DE LA VILLE DE VIENNE.

 ronce. Quant aux sciences naturelles, si j'en juge par le livre
 que j'ai sous la main, elles étaient dans l'enfance la plus gros-
 sière. Qu'on en juge :
    Un médecin, nommé Jean Tardin, dauphinois d'origine,
 écrivit à propos d'une merveille de notre pays, la Fontaine
 ardenle, un livre, assez rare aujourd'hui, imprimé à Tournon
 en 1618, avec ce titre : Histoire naturelle.de la fontaine qui
 brusle près de Grenoble, avec la recherche de ses causes et
 principes, et ample traictè des feux souterrains. Sous ce litre,
 il parle de lout, du feu et de l'eau, de la terre et du ciel, des
 venîs, des reflux, etc. I! dédia la chose au duc de Lesdi-
 guières, et, dans une Préface à la façon des écrivains de l'épo-
 que, il affirme que la bonne fortune de son protecteur « est
 un beau jour sans nuict, un printems, un esté, un automne
 sans hyver, une bonace sans tourmente, un soleil saris éclipse,
 un Orient qui va tousjours au Midy, un augment sans déclin,
 une rose sans cantaride, une pomme sans vers, etc., e t c . .
 Après ces efforts d'imagination et de grâce, il entre en ma-
 tière. Son premier chapitre est divisé en divers paragraphes,
dans lesquels il prouve comme deux et deu* font quatre que ,
 « l'estounement, fille de l'ignorance, mère de la philosophie,
 est semblable à la faim ; que le feu et l'eau sont les plus
 grands et les plus forts ennemis qu'on puisse trouver en
 toute la nature ; que la première destruction du monde a été
 faite par l'eau et la dernière se doit faire par le feu, » et
 mille autres propositions plus intéressantes les unes que les
autres- Dans le cours de son livre, notre Tardin s'étonne
après Pline que le feu si actif n'ait pas encore, en l'an de
grâce 1608, consumé non seulement lout ce monde, mais
encore une infinité de mondes. « Tellement que ce n'est pas
une petite merveille de voir comme la nature peut fournir de
nourriture suffisamment pour entretenir un animal si glou-
ton et vorace, » Plus loin, i! nous donne son opinion sur le