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244 LES SEPT MERVEILLES DU DAUPHINÉ.
là . Les traditions superstitieuses de la contrée y avaient placé la
demeure de la fée Mélusine, protectrice puissante et révérée de
la maison de Sassenage.
5° C'est aussi sur cette montagne que l'on trouve les Pierres
ophtalmiques, dont la renommée est très-répandue dans le pays.
De graves auteurs affirment sérieusement qu'elles ont la propriété
de purifier et d'éclaircir la vue.
6* La Manne de Briançon est une espèce de résine que l'on
cueille dans les matinées du mois d'août sur les mélèzes du Brian-
çonnais et du Queyras. Salvaing de Boissieu, par une allégorie
pleine de charme et d'élégance, renverse l'opinion des botanist es
sur la transsudation de ces arbres, et en explique ainsi la cause.
Une nymphe, nommée Larice {larix en latin signifie mélèze), se
reposait des fatigues de lâchasse, et caressait son chien nommé
Lélaps, quand Mercure, le messager de Jupiter, traversant les Alpes
pour porter un ordre du roi de l'Olympe, aperçut la jeune nymphe
etdescendit des airs pour louer sa beauté. Larice resta sourde aux
discours du dieu séducteur; mais le dieu, furieux de se voir dé-
daigné , déchargea sa colère sur le pauvre chien, qui, devenu
furieux à son tour, s'élança dans les montagnes où il ne tarda
pas à périr. Larice, inconsolable de la perte de son fidèle Lélaps,
perdit peu à peu sa flexibilité et sa forme ; ses membres, son
corps se raidirent et prirent bientôt la dureté du bois. Elle fut
changée en mélèze, et le suc rouge de cet arbre ne tient sa cou-
leur que du sang de l'infortunée Larice ; la manne vient des pleurs
que sa douleur lui fait encore verser dans la saison de ce triste
accident.
7° La septième merveille est la Grotte de Notre-Dame-de-la-
Balme, entre les villages d'Amblerieu et de Salettes, Ã sept lieues
de Lyon. Cette grotte célèbre est une profonde excavation pro-
duite par l'action des eaux et du temps, et digne de l'attention
des curieux autant que de la recherche des savants.
Dans son Histoire du Dauphiné, Chorier énumère d'autres
merveilles qui peuvent être regardées, les unes comme des cu-
riosités naturelles, les autres comme des fictions populaires.