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208                          DU PHÉNOMÈNE
serons forcés d'attribuer à une exportation dynamique ce que, dans
les mouvements volontaires, on est habitue à attribuer à une en-
trée de force nerveuse, sinon nous n'aurions point de contraction,
et, conséquemment, point de mouvement.
    Les impressions externes sont, en effet, une cause de mouve-
ments qui s'effectuent sans le concours de la volonté. Ce qui peut
nous expliquer la sensation d'entraînement par la table, éprouvée
par les expérimentateurs. Ces contractions dérivant d'une cause
externe auraient cela de particulier, qu'elles s'accompliraient de
manière à nous donner l'idée correspondant à la dérivation de la
force qui les provoque, en réveillant en nous une sensation d'at-
traction vers la cause même qui agit, tandis que celles qui sont
produites parla volonté n'auraient nullement le même caractère.
Ainsi, à proprement parler, l'expérimentateur en rapportant la
cause qui l'entraîné à une action quelconque de la table , ne se
tromperait qu'en ce qu'il croirait à l'existence réelle d'un pouvoir
quelconque en dehors de lui, tandis qu'il s'agirait tout simplement
d'une cause de contraction s'effectuant dans un sens opposé aux
contractions volontaires.
    Lorsque la physiologie parviendra à se procurer la connaissance
exacte des causes et du mécanisme des mouvements organiques ,
à quelle catégorie qu'ils appartiennent, peut-être aura-t-elle déjà
constaté la réalité concrète de ce qu'on appelle aujourd'hui force
nerveuse, ainsi qu'une émission de ce même fluide nerveux dans
l'accomplissement d'un acte quelconque de la vie de relation.
Les expériences de MM. Matteueci et Bois-Raymond nous enga-
gent à le croire.
    Mais , d'ailleurs, s'il ne s'agissait que d'expliquer pourquoi la
table tourne sur elle-même, ou change de place sous l'influence
des expérimentateurs, on pourrait facilement y parvenir. D'un
côté, il y aurait exécution de mouvements qui ne sont automa-
tiques qu'en raison de leur exiguité, et de l'autre, une quan-
 tité suffisante de ces mêmes mouvements pour en constituer un
 complexe assez énergique. Cette hypothèse , fort ingénieuse
 du reste , explique l'intervertissement du rôle des muscles vo-
lontaires, et le degré de force qu'ils acquièrent par la puissance
 synergique du nombre. Elle n'explique pas cependant le mouve-
 ment d'une table actionnée par un seul opérateur, et elle explique
 encore moins le caractère d'intelligence de ces mouvements,
qu'on dirait réglés sur les ordres d'une puissance intellectuelle
souvent plus remarquable ou plus extravagante que celle de l'opé-
ra teur même.
    Sans croire au miracle, pour ne pas tomber dans l'absurde, il
faut bien cependant que les hommes de science, ceux particuliè-
rement qui se disent très-familiers avec la physiologie, se donnent
la peine de rechercher quel peut être le mécanisme d'un phéno-
 mène aussi bizarre que celui des tables parlantes. Il serait sans
 doute plus vite fait de le reléguer parmi les hallucinations ou les