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 180                           DE L'ORIGINE

 et celui-là seul ne savait point régir son patrimoine qui n'ajou-
 tait pas au sien celui des autres. De là le changement de la con-
 corde en discorde universelle ; de là les pillages, les incendies,
 les invasions. »
                                 §2.

 LES LOIS DEVIENNENT RÉELLES SOUS LA FÉODALITÉ. — LA CON-
           DITION DE L'HOMME SUIT CELLE DE LA TERRE.


     Sous les deux premières races de nos rois, les lois étaient
 essentiellement personnelles (1), sauf ce que certaines coutumes
 pouvaient offrir d'obligatoire dans le cercle de leur ressort (2).
 La loi personnelle de chaque individu se déterminait en règle
 générale par la naissance (3;. 11 n'existait alors ni possession
juridique, ni actions possessoires (4). Dans les lois barbares et
 dans les Capitulaires, le mot de possession est toujours employé
 comme synonyme de propriété, et jamais pour exprimer l'idée
 du droit auquel répond aujourd'hui ce mot dans nos mœurs et
 dans nos lois.
    La personnalité des lois disparut sous le régime de la féoda-
 lité. « Alors, dit M. Guizot (5), ce n'était plus de Francks ni de
 Gaulois, de vainqueurs ni de vaincus qu'il s'agissait ; tout était
 déplacé, altéré, confondu, les conditions individuelles et les
peuples.» La subordination de la personnalité à Irréalité forma
le caractère essentiel et distinctif de l'époque féodale. H y eut
transformation complète des principes du droit, en ce que désor-
mais la condition humaine devint l'accessoire du sol ; chaque
anneau de la chaine sociale -vint river l'homme à la terre. Sous les
rapports sociaux et sous les rapports juridiques, la féodalité con-

  (1) Montesquieu, Esprit des Lois, liv. xxvm, ch, 2.
  (2) Lchuè'rou. Institutions carolingiennes, t. n, p. 231. — Alauzei. Hisl.
de la possession, p. 50.
  (3) Savigny. Hist. du droit rom. au moyen âge, t. i, eh. 3.
  {'t) Àlauzct. hoc. cit., p. 10 et 110.
  (5) Essai sur l'histoire de France, p. 343.