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                     DE LA POSSESSION ANNALE.                            179

                              SECTION       t.

    DE LA FÉODALITÉ ENVISAGÉE AU POINT DE VUE DE L'HISTOIRE JURIDIQUE.


                                     § 1-
                      ORIGINE DE LA FÉODALITÉ.

   Sous les faibles successeurs de Charlemagne, les grands vas-
saux ne tardèrent pas à se rendre indépendants.
   L'origine légale de la féodalité, si nous pouvons le dire ainsi,
date de 877, époque où Charles-le-Cliauve déclara héréditaires
tous les bénéfices, les duchés et les comtés ; ne faisant au sur-
plus, en cela, que consacrer par le droit ce qui existait déjà dans
les faits.
   On vit bientôt ensuite le régimj de la propriété et la condition
des personnes se troubler et s'altérer complètement. A la féoda-
lité civile et germanique qui protégeait, par ses institutions, les
relations des seigneurs, des vassaux et des colons, succéda la
féodalité absolue, qui fit tout tomber sous l'autorité violente et
souveraine du seigneur.
   En 987, lors de l'avènement de Hugues Capet, depuis long-
temps il n'y avait plus en France ni pouvoir, ni autorité, ni jus-
tice. Le règne seul de la force étreignait et dominait la société
 dans le désordre.
    Le régime municipal et toute l'organisation judiciaire établie
 par Charlemagne avaient entièrement disparu. La discipline
 sociale et toutes les traditions de la vie civile étaient brisées.
 L'usurpation était partout, avec les guerres privées de famille à
 famille et d'homme à homme, entre les bourgeois des villes
 comme entre les châtelains et les vassaux.
    « Les grands du royaume, dit un écrivain contemporain (1),
 poussés par une ardente cupidité, se disputaient le pouvoir, et
 par tous les moyens augmentaient leurs possessions.... Acquérir
 des biens au détriment d'autrui était le but suprême de chacun,

   (1) Riclicr, 1. 4, 1. 1, p. VI.