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                ET DE LA POLÉMIQUE RELIGIEUSE.                   149

 Luther et sa religieuse sur le théâtre. En effet, la partie en-
 gagée , elle le fut vivement, si vivement que l'autorité royale
 fut obligée d'impliquer les dramaturges dans ses sévices, et d'in-
terdire le théâtre en même temps que le prêche, car dans ce
 temps de continuelles vicissitudes pour lafoi, quelle que fut l'opi-
 nion actuelle du souverain, l'autorité était sans cesse exposée dans
ces alternatives d'excès et de représailles , et il eût été difficile
d'ailleurs de favoriser exclusivement un des partis. Une fois des-
cendue des Mystères dans les Moralités, l'allusion religieuse deve-
 nait insaisissable sous les déguisements allégoriques qu'elle avait
à sa disposition. L'intelligence populaire savait bien reconnaître,
mais la police du roi ne pouvait saisir en flagrant délit d'hérésie
ces êtres de raison ; Nouvelle Guise et Doctrine Perverse, Phila-
logus et Caconos qui, avec leur cortège de vertus et de vices,
voilaient les véritables acteurs du débat. C'est ce qui explique
 pourquoi la surveillance du gouvernement se montrait plus
jalouse à l'égard de,ces drames énigmatiques, qui avaient fini
par constituer un genre à part sous le nom d'Interludes, qu'à
l'égard des Mystères, où les doctrines opposées se montraient
ouvertement. Impuissante à les modérer à son gré, elle les
supprima enfin tout à fait.


                                 U.

   Tel fut le sort du théâtre religieux en Angleterre. 11 nous reste!
à l'envisager sous une autre de ses faces, celle où il réfléchit la
satire des mœurs et des personnes du catholicisme. Pendant que
Baie faisait, comme nous l'avons dit, du théâtre une chaire d'ins-
truction religieuse, Johu Heywood y faisait monter la parodie.
I.e premier représentait l'esprit sérieux de Wickliffe, le second
l'esprit malin de Chaucer ; Heywood est un des descendants du
vieux génie comique de notre race, venu en Angleterre avec les
Normands, et qui y avait eu des héritiers depuis l'auteur des Vï-
nions du Laboureur, jusqu'au poète presque contemporain Skel-
ton, génie heureux qui a mis le sourire sur les lèvres de la poésie