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      I>K LA SATIRE ET DE LA POLÉMIQUE RELIGIEUSE.               14!)

si évidemment dans l'esprit du clergé qui dirigeait alors ces re-
présentations, que les papes encourageaient l'assiduité du peu-
ple en la récompensant par des indulgences. Celui-ci, il est vrai,
se rendait aux Mystères dans des dispositions un peu équivoques ;
cherchant à s'amuser plutôt qu'à s'instruire, s'il y gagnait son
salut il en avait rarement le mérite ; mais il n'en faut pas moins
savoir gré à l'Église d'avoir tiré tout le parti possible d'un ins-
trument imparfait. Plus tard, l'importance du drame sacré et
allégorique s'étendit encore. En se sécularisant dans les mains
du peuple, il se pénélra de plus en plus de ses idées et par-
tagea maintes fois avec la chaire l'office de presse religieuse et
politique. C'est de là que les premières idées de la Réforme
commencèrent à circuler parmi un auditoire vulgaire dont la
naïveté faisait place à un usage de plus en plus hardi de la ré-
flexion. Au XVIe siècle, l'esprit du peuple se tournait plus vo-
lontiers vers la religion qne vers la politique ; il avait trop pe-
de bien-être pour s'occuper de ses droits ; il était placé trop
loin des ressorts de l'ordre social pour songer à les diriger à son
proflt. L'Église, au contraire, en sa qualité de puissance divine
et humaine , dominant la double destinée de l'homme, était le
premier obstacle que rencontrait à son point de départ ce vague
désir d'émancipation qui commençait à agiter les masses. H dut,
pour cette raison, revêtir la forme de la discussion religieuse
avant de se formuler plus clairement dans la démocratie. Sur le
théâtre comme dans la chaire, la polémique mit aux mains ca-
tholiques et protestants ; elle a laissé de curieux monuments en
France et en Allemagne, mais peut-être les plus curieux se
 trouvent-ils en Angleterre, où la lutte eut plus de vivacité ; en
 effet, elle y était favorisée tout particulièrement par les indé-
 cisions mêmes du pouvoir, par la longue série des tergiversations
 religieuses d'Henri VIII, et par les deux règnes contradictoires
 d'Edouard VI et de Marie, pendant lesquels on vit les chefs d'un
 parti changer leurs prisons pour des évêchés, tandis que les chefs
 de l'autre passaient tout aussi subitement de leurs palais aux
 bûchers de Smithfteld.
   Ces alternatives de périls et de prospérités, de faveurs et de dis-
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