page suivante »
R M E 1853. O E N 137 culier, aujourd'hui mieux éclairé, recherche et conserve avec soin ces monuments antiques que, dans un temps de barbarie, il dé- truisait sans pitié. Je suis monté pour la seconde fois au sommet de la tour du Capitule. C'est, selon moi, le point le mieux choisi pour voir Rome ancienne, et juger de ses accroissements successifs. On peut appliquer à cette tour, bien mieux qu'au Mont Janicule, les deux vers de Martial : Hinc septem dominos videre montes Et totam licet aestimare Romam (1). Pendant que je m'y trouvais, j'eus le plaisir de voir défiler, musique en tête, un bataillon français sous l'arc de Titus. Que de générations ont passé sous cet arc de triomphe depuis les vainqueurs de Jérusalem ! Aujourd'hui Rome est gardée par les descendants de ces Gaulois qui la prirent et faillirent l'étouffer à son berceau. J'ai visité avec un véritable plaisir la villa Ludovisi, aujour- d'hui la propriété du prince de Piombino, qui se montre fort avare de permissions. Elle est adossée aux murs de la ville qui lui servent de clôture du côté de la campagne. Une de ses extré- mités a fait partie des jardins de Salluste, tandis que le côté opposé qui se rapproche de l'Académie de France, a dû néces- sairement être occupé par les jardins non moins célèbres de Lucullus. Quelque délicieuse que soit cette villa , elle ne nous donne encore qu'une faible idée de ces demeures somptueuses où les maîtres du monde, après avoir pillé les provinces de l'Empire, venaient étaler un luxe qui, aujourd'hui nous paraîtrait fabuleux, et sans sortir de l'enceinte de Rome, se procuraient un repos et des plaisirs qu'on ne trouve ordinairement que dans les campagnes les plus éloignées du fracas des villes. Des travaux récemment exécutés dans cette villa ont mis à découvert un grand nombre de pierres couvertes d'inscriptions (1) C'est de là qu'on peut distinguer les sept montagnes dominatrices du inonde et apprécier Rome tout entière, (Martial, lib. rv, 64),