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                    PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE.                    127

prédécesseurs, les derniers mathématiciens ou physiciens se-
ront les plus habiles.»«Si l'on examinait, dit-il ailleurs, histori-
quement le chemin que les sciences ont fait déjà en un si pe-
tit espace de temps, malgré tant de préjugés et d'obstacles
de toute sorte, on serait étonné de la grandeur et de la rapi-
dité de leurs progrès, et on en verrait môme de toutes nouvelles
sortir du néant et peut-être laisserait-on aller trop loin ses
espérances pour l'avenir (1).» C'est aussi à l'école du cartésia-
nisme, dans son esprit et dans sa méthode, dans la grandeur
de ses découvertes, que Fontenelle avait puisé ces vues si
nettes et si précises sur la loi du perfectionnement successif
de l'humanité (2).
   L'abbé Jean Terrasson qui, avec Perrault, Fontenelle et
Lamotte, est un des plus célèbres partisans des modernes,
confond , comme Perrault, les destinées de la science et de
la poésie, mais formule, avec non moins de rigueur que
Fonlenelle, la loi de la perfectibilité. Les progrès de l'esprit
humain ne lui semblent pas moins nécessaires que la crois-
sance des arbres et des plantes, et il les rapporte aune loi
naturelle exactement semblable à celle qui fait croître un
homme particulier en expérience et en sagesse depuis son en-
fance jusqu'à sa vieillesse (3). « L'hypothèse des progrès de
l'esprit humain , par le secours du temps et des expériences,
est comme une hypothèse de raison de nécessité , de mou-
vement local , qui peut être suspendue, mais qui revien-
dra toujours.»Il loue Perrault, Fonlenelle et Lamotte d'avoir
bien senti que les modernes sont supérieurs aux anciens,
mais il leur reproche de ne pas avoir assez marqué que celte
supériorité est un effet naturel et nécessaire de la constitution


  (1) Préface de l'Histoire, de l'Académie.
  (2) Voir le chapitre sur Fontenelle.
  (3) Préface de la Dissertation critique sur Homère.