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CHAPELLE DE CHATILLON DAZERGUES. 10V> militaire du moyen âge, tous admiraient une chapelle déta- chée de l'enceinte intérieure du château, mais comprise en- core dans les fortifications extérieures. On l'admirait pour sa charmante abside, pour sa crypte, pour son clocher couronné par une flèche de pierre, dont la hauteur dépasse celle de la plus haute tour du château, pour son portail élégant du XVe siècle : mais son état de ruine faisait vivement craindre sa chute pro- chaine. Déjà sa toiture abattue laissait pénétrer de toutes parts les eaux pluviales, et, miné à sa base par les gelées qui font écla- ter les pierres, par cette puissance de la végétation parasite qui glisse ses racines entre les joints et les écarte toujours davan- tage , le clocher pouvait d'un moment à l'autre perdre l'équilibre, et détruire dans sa chute tout ou presque tout l'édifice. Le mal était grand ; mais, dans cette commune, deux hommes veillaient, deux hommes de cœur et d'intelligence, et la chapelle non seule- ment fut sauvée, mais encore restaurée et rendue au culte avec une splendeur qu'elle n'avait peut-être jamais eue autrefois. La chapelle de Châtillon-d'Azergues appartient à cette belle architecture romane, si grave et si imposante, que les Clunistes ont si admirablement développée en lui donnant un caractère d'élégance particulière qu'on ne trouve pas dans les provinces de France sur lesquelles leur influence ne s'est pas étendue. Des premières années du XIIe siècle, le monument ne présente que des lignes simples ; ses chapiteaux sont peu refouillés et d'un travail élémentaire ; ses moulures sont invariablement profilées de même, mais la conception du plan est parfaite, et les données des temples primitifs y sont rigoureusement ob- servées. Orientée et placée au commencement de la déclivité de la mon- tagne que couronnent les ruines du château, la chapelle de Châtillon est à deux étages, c'est-à -dire que, suivant l'usage adopté pour les monuments religieux les plus respectés, elle a une crypte dans toute son étendue. Que dirai-je de ses dimen- sions? elles sont bien faibles, mais ses proportions sont heu- reuses, parfaitement en rapport les unes avec les autres, et, telles que l'œil satisfait s'en contente et n'exige rien de plus.