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                        DES AMIS DES ARTS.                        75
  TSoii grand dessin intitulé : Saint Paul se défendant devant le
roi Festus, le roi Agrippa et la reine Bérénice, est une fort
belle étude, mais elle renferme aussi beaucoup de réminiscences.
Dans son tableau , représentant la Vierge descendant du Cal-
vaire, appuyée sur l'apôtre saint Jean, M. Pilliard , ainsi que
M. Lcnepveu, paraît s'être attaché aux maîtres français du
XVIIe siècle. Ces deux, figures sont dignes de la scène représen-
tée. La sérénité , l'autorité de l'Evangile respirent en elles ; en
voyant ces personnages , d'une condition obscure , descendre si
grands et si augustes de la montagne du sacrifice, on est trans-
porté au sein de la révolution qui vient de transformer le monde;
on voit surgir la puissance nouvelle qui doit bientôt dominer et
les rois et les anciens princes des peuples. C'est là une belle
peinture religieuse et historique, et qui semble être née des livres
de Bossuet. Nous signalons avec plaisir les espérances que
donne M. Pilliard : son dessin n'est pas toujours assez châtié, il
n'est point encore arrivé à un style qui lui soit propre, mais il
a des pensées hautes , et il sait employer le grave langage des
chefs de notre école, pour les exprimer.
    M. Ravel de Mallevai, déjà fort remarqué l'année dernière ,
nous offre un vaste sujet tiré de l'Apocalypse : '
    « Et ecce equus pallidus : et qui sedebat super eum nomen
 « illi Mors et Infernum sequebatur eum et data est illi potestas
 « super quatuor partes terrœ, interflciens gladio, famé et morte
« et bestiis terra?. »
     Saint Jean vivant solitaire dans l'île de Pathmos, médite sur
les mystères de la création , de la décadence et de la régénéra-
lion du monde ; il présente à la manière orientale, sous des
figures symboliques , les diverses phases qu'amènent dans l'his-
toire les passions de l'homme abandonné à lui-même.
    L'énigme du monde est figurée par un livre fermé de sept
sceaux. L'Agneau seul peut ouvrir ce livre. Le premier sceau
enlevé montre un guerrier vainqueur, imposant par la force
l'obéissance aux hommes.
    Le second montre les représailles du vaincu contre le vainqueur.
   •Le troisième montre la famine naissant des discordes stériles
dans lesquelles les hommes ont usé leurs forces.
    Le quatrième , la Mort sur son cheval pâle opérant une des-
truction générale par le glaive, par la faim, par la peste, et fai-
sant du monde un désert devenant de nouveau le royaume des
bêtes sauvages.
    M. Ravel de Malleval a représenté cette dernière période des
sociétés, vivant en dehors de la révélation. La Mort fantasque, iro-
nique, née de la pourriture humaine, promène sa faulx sur les gé-
nérations déchues ; l'étendard sanglant de l'Enfer flotte derrière
elle, le Désordre stupide, la Violence, l'Orgueil furieux, l'Audace