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 74                 EXPOSITION DK LA SOCIÉTÉ
  mais la composition , en général, mérite tous les éloges : voilà
  bien la splendeur sévère des palais romains , ces voûtes chargées
  des peintures immortelles de Michel-Ange, ces dorures dont
  l'éclat a été adouci par le temps ; voilà ces ombres des pays
 méridionaux, qu'un seul rayon de soleil, pénétrant par une
 fenêtre , rend transparentes et lumineuses.
     La sobriété et la fermeté du talent du peintre se sont trouvées
 à la hauteur du sujet.
     Une jeune femme groupée avec ses deux enfants, dont l'un est
 suspendu à son sein et l'autre joue avec un agneau et une brebis.
 Tel est le sujet de Y Idylle. La maternité ne saurait être représen-
 tés avec une beauté plus attrayante et plus noble. La composi-
 tion , disposée en médaillon, est d'un dessin et d'un modelé
 presque toujours exacts, le coloris en est doux et argentin ,
 elle rappelle les conceptions poétiques du meilleur temps de
l'art français , de l'époque du Poussin et de Lesueur. M. Lenep-
 veu, à l'exemple de ces deux maîtres, recherche l'idéal dans la
 forme et dans l'expression, et son pinceau obéit à sa pensée.
     Le grand tableau de la Charité, par M. Cibot, est une com-
position allégorique.
     Au centre est la figure de la Charité ; tout autour apparaissent
les actions dont cette vertu est le principe : L'enfance instruite,
les malades soulagés , la jeunesse encouragée et dirigée , les
vieillards recueillis dans des asyles. Le livret nous montre en
outre les artistes, les écrivains , les ouvriers travaillant pour
augmenter le bien-être de leurs semblables. Ce tableau renferme
de très-bonnes parties , des études habiles , et la couleur en est
douce et harmonieuse, mais il estfroid. Les mathématiciens trou-
veront peut-être leur compte à cette symétrie bien ordonnée, à
ces déductions logiques , à ces conséquences d'un principe clai-
rement exposées ; mais il manque dans tout cela précisément ce
qui est l'essence de la charité , l'étincelle divine , le feu de
l'amour. Cette figure allégorique, à laquelle tout vient se ratta-
cher, ne saurait en réalité animer le sujet ; les vertus nous vien-
nent directement de Dieu , elles nous sont transmises d'âge en
âge, par ces créatures d'élite de qui il a été dit : vous êtes le sel
du monde ; nous n'aimons et n'admettons pas la fiction malheu-
reuse par laquelle l'artiste interrompt notre généalogie.
    La Sœur Hospitalière de M. Goupil nous fait mieux sentir la
puissance de la charité : cette belle jeune fille , qui a su
résister à l'enivrement des hommages et de l'admiration , et qui,
sous la robe de bure , vient frapper à la porte d'une pauvre
demeure pour y ramener un peu de repos, a inspiré à M. Goupil
une composition fort simple et pleine de charme.
    M. Pilliard est un ancien élève del'École de Saint-Pierre, devenu
depuis , si nous ne nous trompons, l'un des élèves de Victor
Orsel.