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                      EXPOSITION DE 1851.                      34ï
d'hiver du belge Wickemberg, qui en a fait une véritable spé-
cialité. Sur une toile de dix ou douze pouces carrés, tout au
plus, M. Sorieul a peint un épisode de la bataille de Preston-Pans
plein de mouvement et de réalité ; le sujet de ce tableau qui a
pour titre : Waverley et le colonel Talbot, est emprunté au ro-
man si connu de Wàlter Scott ; le moment choisi par le peintre
est celui où Waverley, après avoir enlevé une batterie de canons,
à la tête d'un clan de monUgnards écossais, sauve la vie à un
officier de l'armée anglaise ; la scène est bien rendue, et pleine
d'intérêt pour ceux qui ont lu l'ouvrage du célèbre romancier
anglais. M. Villoud a exposé, sous ce titre : l'Echéance, le tableau
le plus bizarre qui soit dans toute l'exposition ; c'est probable-
ment une' singulière histoire, que celle de ce Monsieur, assis à
son bureau, en pantouffle et en robe-de-chambre, et auquel
un squelette drapé d'un long manteau, couleur de suaire, pré-
sente un billet à acquitter. Ce Monsieur, négociant, banquier,
ou agent-de-change, à l'air très-effaré de la visite, et, certes,
on le serait à moins. Mais à quoi cela rime-t-il, et qu'est-ce que
tout çà veut dire ? si M. Villoud a voulu donner une impres-
sion de terreur à celui qui regarde son tableau, nous devons
l'avertir, en conscience, qu'il y a très-peu réussi. Le sujet qu'il
a choisi n'est pas mal rendu, mais le tableau n'impressionne
pas le moins du monde ; les Allemands, plus experts que M.
Villoud, en matière de légendes, s'y prennent d'autre façon,
quand ils touchent au fantastique, et qu'ils traduisent, avec le
pinceau ou le burin, les contes des nourrices. M. Villoud n'a
donc jamais regardé la gravure d'Albert Durer, connue sous le
titre du Chevalier de la mort. Mais, sans remonter aussi haut,
et puisque M. Villoud a du goût pour ces choses-là, nous lui
indiquerons, comme modèle en ce genre, deux gravures d'après
Horace Vernet, que l'on voit ' en ce moment derrière les vitres
de tous les marchands ; la première, qui est la plus ancienne,
est la traduction de la ballade de Lénore de Burger, l'autre, la
plus nouvelle, est bien autrement significative, elle représente
les deux fléaux du siècle, le socialisme et le choléra ; pour notre
compte, nous n'avons jamais pu la regarder sans frissonner.