Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
430          LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE

 de constructions maritimes, ils" s'y étendent en pleine acti-
 vité; 900 galériens y travaillent. En homme sensible, il
 s'apitoie beaucoup sur le sort des galériens. Après avoir vu
 tous ces travaux, ces vaisseaux, ces canons, ces armements :
  « Je terminerai par un souhait bien chrétien et bien philo-
 sophique, deux titres qui ne sont pas toujours réunis. Plût
 au ciel que tous les vaisseaux de guerre des puissances de
 l'univers, se pourrissent dans leurs ports plutôt que de
 servir la haine et la cupidité de leurs rois et de leurs
 ministres; ou qu'employés seulement à porter dans des
 régions inconnues nos arts, nos inventions, nos productions,
 ils puissent contribuer au bonheur de l'homme, et que le
 noir et le blanc, l'olivâtre et le blafard, réunis par les liens
 d'un commerce amical ne forment plus qu'une même
 famille !... Mais je ne vous en dirai pas davantage, car je
 crains que vous ne remettiez cette heureuse résolution au
 temps où les souverains sans ambition ne songeront qu'à
 leurs affaires, et à rendre leurs sujets heureux, où les
 femmes devenues économes et raisonnables, ne voudront
 plaire qu'à leurs maris, où les maris n'aimeront que leurs
 femmes, où les magistrats et les grands, moins égoïstes et
 plus citoyens, moins orgueilleux et plus populaires, s'occu-
peront réellement de l'existence de leurs inférieurs, de bien
régler leurs maisons et de payer leurs dettes, où les bour-
geois ne voudront plus copier les grands seigneurs, où les
gens d'église prêcheront d'exemple. Enfin quand le projet
de la paix universelle du bon abbé de Saint-Pierre accueilli,
exécuté, suivi, depuis le sceptre jusqu'à la houlette, depuis
le plus puissant jusqu'au plus faible, du nord au midi, du
levant au couchant, aura purgé le monde de soldats, de
gens de justice, de prêtres et de courtisans. »
  M. de Br. écrit de Paris trois lettres datées des 18 et 2 5