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                     LE CHRIST D'IVOIRE                    185

été recueillie par une sœur de sa mère, avec laquelle elle
vivait.
   Depuis plusieurs années et presque au lendemain de son
retour d'Italie, Paul Salviati avait perdu son père; il n'avait
pas d'autres parents et pour échapper aux ennuis d'une vie
d'isolement, il n'hésita pas à demander la main de Laure
Pisan, qui lui fut accordée.
   Par cette union, il crut atteindre pour jamais au plus
grand bonheur qu'il pouvait désirer.
   Que lui manquait-il en effet? Chaque jour sa renommée
de grand artiste s'étendait au loin et le fils du pauvre cise-
leur ne pouvait suffire aux travaux'qui lui étaient confiés.
   Sa vie allait se compléter par la vie de famille. Il avait
trente ans, Laure, vingt-deux ans à peine. L'avenir souriait
à tous deux et tous deux s'abandonnaient à l'ivresse de
l'heure présente, comme aux plus douces espérances.
   Aussi pouvait-on regarder d'un Å“il d'envie, ces jeunes
époux, quand on les voyait prendre part, avec tout l'aban-
don de la jeunesse, à toutes les réjouissances publiques.
   Un an de bonheur s'écoula ainsi, quand un jour, des
parents de Laure Pisan, habitant la ville des Baux, les
invitèrent à venir assister à une grande fête, qui devait se
terminer par une course de taureaux. Tout les conviait à
cette réunion : le charme du lieu comme les joies de la
famille et Paul Salviati fut tout heureux de s'y rendre avec
sa jeune épouse.

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   Ceux qui n'ont point visité la vieille ville des Baux,
peuvent difficilement se figurer l'aspect pittoresque et
incomparable que présente cet ancien bourg féodal, qui ne