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                         ET SON Å’UVRE                         443

d'Henri VIII, par son opposition au fameux théologien,
Noël Beda, qui en combattait la possibilité, Jean du Bellay
fut nommé évêque de Paris, en 1532. En 1534, Montmo-
rency l'envoya à Rome défendre la cause du roi d'Angle-
terre au Consistoire, qui refusa le divorce. Le 21 mai 1535,
il était créé cardinal, puis adjoint, la même année, à l'évêque
de Mâcon, nommé ambassadeur^auprès du Pape, Paul III,
 qu'il réussit à soustraire à l'influence impériale de Charles-
Quint. Ce fut pendant son séjour à Rome qu'il appela
auprès de lui Joachim. Celui-ci resta quatre ans chez le
cardinal. Toutefois, à en juger par le livre qu'il rapporta
de Rome — Les Regrets, — il ne paraît pas avoir eu beau-
coup à se louer de son parent, esprit cependant plein de
tolérance, protecteur de Rabelais, ami de Budé, Mécènes
éclairé des Belles-Lettres. Sans aller jusqu'à prétendre qu'il
se sépara de Joachim, brouillé avec lui, selon l'assertion de
certains auteurs, il faut reconnaître qu'au moment du départ
du poète, les relations s'étaient refroidies entre eux. Le
malentendu s'accentua encore,lorsque de retour en France,
Joachim eut publié ces Regrets, auxquels je faisais allu-
sion, il y a un instant. Le poète fit passer dans les cent
quatre-vingt onze sonnets qui composent le recueil, ses
dégoûts d'un office subalterne à remplir, les spectacles
des mœurs italiennes, de la cour pontificale, de l'anti-
quité déchue et la nostalgie de la patrie absente (3). Les
ennemis du poète, parmi lesquels, l'un des plus acharnés,
son cousin, Eustache du Bellay, auquel le cardinal avait
cédé l'évêché de Paris, ne manquèrent pas de le desservir



  (3) Les Regrets. Tableau satirique de Rome au xvi= siècle. Paris,
Liseux, 1876.