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98                 LES SIRES DE BEAUJEU

fatal où un de ses descendants laissa tomber dans la boue
ce fardeau trop lourd pour ses bras dégénérés.
   Comment expliquer une fortune si rare ? Cet agrandisse-
ment continu doit-il être attribué à quelques heureux événe-
ments, comme il s'en produit parfois dans l'histoire d'un
peuple ou d'une famille, ou bien à une situation privilégiée
qui aurait facilité les succès de nos princes ? En aucune
façon; leur histoire ne fait nulle mention d'un de ces faits
extraordinaires qui changent la face d'un pays, et quant à
leur situation politique et géographique, elle était telle
qu'elle ne put que contrarier, loin de favoriser, leur déve-
loppement. Etablis dans un pays montagneux et peu fertile,
ils rencontrèrent bientôt en s'étendant vers la plaine, d'un
côté la Loire avec le puissant comte de Forez, de l'autre la
Saône, formant des obstacles naturels à leur expansion.
Ils purent cependant franchir cette dernière rivière, grâce
à l'absence, dans les Dombes, d'un pouvoir suffisamment
fort. Au nord les comtes de Mâcon, au sud les terres de
l'Église de Lyon, furent pour eux des barrières infranchis-
sables. Mais tout le pays, compris dans ces limites, ilsi?*' „ ' V \
surent se l'approprier et s'en faire un Etat souverain.   .* * f^'"
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   C'est donc en eux-mêmes qu'ils trouvèrent les ressources"; •   ;-. V
nécessaires pour arriver à un aussi grand résultat ; c'est
grâce à leur valeur, à leur habile politique, à un esprit de
suite rare, à cette époque surtout, qu'ils réussirent à créer
de toutes pièces le Beaujolais, au détriment de trois pro-
vinces voisines. Peu de familles offrent une pareille succes-
sion d'hommes remarquables. Tous firent preuve, à des
degrés divers et chacun à sa manière, de qualités exception-
nelles, et il y aurait grand intérêt pour l'historien à les
suivre pas à pas dans leur marche progressive et à sur-
prendre le secret de leur succès. Je ne me propose pas