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376 PIEKRE DE NOI.HAC cédait d'un ou deux mois son royal élève. Il y arriva avec une grande joie, non pas seulement parce qu'il foulait le sol du tombeau des Apôtres, mais encore en raison des souvenirs classiques dont cette cité était toute imprégnée. A Rome pourtant, comme à Florence, il est peu sensible aux impressions d'art. Les antiques monuments de l'Aventin, du Celius et de l'Esquilin attirent à peine son attention. Erasme eut la joie de retrouver dans cette ville, Cartero- machos, attaché à la maison du cardinal Galeotti Fran- cotti délia Rovere, neveu de Jules II. Il fit la connaissance du futur cardinal Egidio de Vitterbe, helléniste, hébraï- sant distingué, de Beroalde le jeune, Spherula, du biblio- phile Colocci, Tommaso Inghirami, bibliothécaire du Vatican, qui parlent si purement le latin et dont Raphaël fit le portrait. Il est impossible de savoir s'il rencontra le célèbre peintre et s'il connut Bembo. Quant à Sadolet, le secrétaire de Léon X, le futur évêque de Carpentras, il ne le reconnut que plus tard. Quoi qu'il en soit, Erasme n'en trouva pas moins à Rome « la société la plus cultivée et la plus intelligente peut-être qui ait jamais été. » Il y fré- quenta aussi des cercles flamands et anglais et connut Jean Goritz, l'ami de Reuchlin. Erasme trouva dans les bibliothèques romaines, au Vatican, chez le cardinal Grimani, dans les couvents, des trésors que le sac de 1507 devait disperser en grand nombre. Si plus tard, il songe si souvent à revenir à Rome, c'est qu'il sait que nulle part « on n'y étudie avec plus de plaisir et de profit. » Le séjour d'Erasme à Rome eut une grande influence sur ses idées religieuses et sa conduite pendant la réforme. Notons en passant qu'il fut choqué de l'admiration que les prêtres témoignaient à l'antiquité païenne, et plusieurs