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352           LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE

Quel dommage que les fonds des pauvres aient été employés
à bâtir un palais pour les loger (4). J'eus moins de regret
de le voir interrompu, en réfléchissant aux besoins toujours
renaissans de la misère, et que l'intérêt du million que
coûtera au moins son achèvement, répandu dans la masse
indigente du peuple pourra fournir au traitement de cent


   (4) Ces critiques à l'adresse des constructions de l'Hôtel-Dieu ne sont
pas absolument justifiées : La façade et le dôme ne furent pas édifiés
exclusivement avec l'argent des pauvres. Le Consulat désireux de voir
s'élever sur le nouveau quai du Rhône (1755) des monuments dignes
de fixer les regards par leur élégance et leur solidité s'engagea à verser
pendant dix ans à la caisse du trésorier de l'Hôtel-Dieu une somme de
500 livres. (Dagier, Hist. de l'Hôtel-Dieu, t. II, p. 124.)
   Le dôme fut construit dans un but d'aération; quatre salles viennem
y aboutir, il répand à profusion l'air et la lumière. Il est vrai toutefois
que l'on aurait pu restreindre les ornements et la décoration extérieurs.
Les somptueux bâtiments de l'Hôtel-Dieu étaient un sujet d'étonne-
ment pour les voyageurs de passage à Lyon. « Parmi les monuments
qui décorent la capitale du Lyonnais, l'Hôpital Général tient le premier
rang. Il s'étend le long du Rhône et présente une façade superbe sur
un quai magnifique; je n'ai trouvé qu'une chose à redire, c'est que les
pauvres sont logés à près de deux cent mille livres de loyer, mais au
moins vous avez la satisfaction de ne pas voir la mort infecter et
pénétrer de terreur le mourant; chaque malade a son lit, et l'air,
renouvelé sans cesse dans de vastes salles, n'ajoute pas la corruption au
levain morbifique et aux miasmes putrides, qu'au contraire il entraîne »
[Voyage de Paris en Corse en 1776, par Reynaud de la Grelaye. Extrait
publié par les Archives du Rhône, t. XII, p. 239.)
  La façade du quai du Rhône n'était pas achevée au moment de la
Révolution. Les travaux furent repris en 1821 et 1822, et terminés sous
la présidence de M. Terme, en 1839. L'aile en retour au sud, sur la
rue de la Barre, ainsi que le pavillon qui y est joint, ont été construits
de nos jours et achevés en 1892, sous l'habile direction de M. Pascalon,
architecte ; M. Sabran étant président du conseil d'administration des
Hospices, et M. Détroyat, administrateur-directeur de l'Hôtel-Dieu.