page suivante »
452 PIERRE DE NOLHAC Charles IX. Henri, revenu de sa stupeur et de l'émoi d'une telle nouvelle qui le faisait monter sur le trône de France, se décide à partir brusquement. Toutefois, après avoir pré- venu les sénateurs cracoviens de cet événement inattendu, il leur promet de régler, avant de s'éloigner, les affaires du pays. Mais la nuit suivante, alors que les Polonais le croyaient encore au milieu d'eux, il se met en route subrep- ticement avec quelques fidèles : Miron, Larchant, Ville- quier, Desportes. Chemin faisant, il est reconnu par un officier polonais qui tente en vain de donner l'éveil au grand chambellan Tenczynski. Le lendemain matin, ce dernier, entrant dans la chambre royale, s'aperçut de la fuite de son royal maître et ordonna de le poursuivre. Henri, cependant, après s'être perdu en route, atteignait la fron- tière autrichienne au moment même où il allait être 1 rejoint par les Polonais. Il faut lire l'amusant dialogue qu s'établit entre Henri et le pauvre chambellan, cherchant en vain à retenir son maître. Henri arrivait à Vienne le 24 juin. Ce fut de là qu'il fit savoir à la République de Venise l'in- tention qu'il avait de se rendre à Venise avant de rentrer en France. La Seigneurie, vieille amie de la France, fit savoir au roi par Bonrizzo, son secrétaire, combien elle était touchée d'un tel honneur. Je n'entrerai pas dans les détails de la réception que fit à Henri la cité des Doges, bien qu'ils soient d'un intérêt puissant et nous fassent revivre des jours de magnificence et d'inouïes prodigalités. Le 10 juillet, le roi entrait à Venise au milieu d'une foule immense appartenant à tous les points de l'Italie et d'acclamations enthousiastes. Henri fit rapidement la conquête de la noblesse italienne, grâce au charme de sa personne, à ses saillies, à son intelligence, à ses dons ora-