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290                   LES SIRES DE BEAUJEU

et firent leur chef prisonnier. Ainsi finit ce jeune héros,
superbe dans la mort et enseveli dans le triomphe de ses
soldats, pour le malheur de la France à qui ses actions
d'éclat faisaient espérer tant d'utiles services. Il fut regretté
même de ses ennemis, et le roi d'Angleterre fut fâché de sa
mort à cause de sa vaillance.
   Antoine, son fils, ne se montra pas indigne de ce glorieux
héritage. Succédant à son père, à l'âge de huit à neuf ans
seulement, son éducation ne se ressentit pas trop de l'absence
de l'autorité paternelle, sans doute parce qu'il fut élevé
sous la direction de son oncle, Louis de Beaujeu, un
vaillant chevalier qui était gouverneur de sa terre. Comme
Edouard il fut un soldat, moins brillant peut-être, mais
aussi courageux et aussi dévoué aux intérêts de la France.
A dix-huit ans, il fit, selon Aubret, ses premières armes au
siège de Carignan (1). Quoique certains auteurs, entre
autres celui de Y Art de vérifier les dates, disent le con-
traire, il assista le 6 avril 1362 à la bataille de Brignais (2).


   (1) Ce siège de Carignan fut soutenu, contre le comte de Savoie, par
son cousin Jacques de Savoie, prince de la Morée, qui s'était réfugié
dans cette forteresse après avoir perdu Turin, Pignerol et autres places.
 « Gros et merveilleux siège » dit Paradin dans ses Chroniques de
Savoie, p. 293, qui fournit au jeune Antoine une excellente occasion
de se former au métier des armes.
   (2) C'est ce qu'affirme formellement la chronique romane de Mont-
pellier (Chroniques de Froissart, t. VI, p. xxvm, note 1.) Ce ne fut pas
là toutefois qu'il fut fait prisonnier, comme le prétend Aubret, mais au
château de Lans en Piémont, où le comte de Savoie était assiégé par
les bandes anglaises appelées en Italie par le marquis de Montferrat.
Amédée s'arrangea avec les chefs de ces bandes, qui lui rendirent les
forteresses qu'ils lui avaient prises, « et demeurèrent amis, ajoute
Paradin (Chroniques de Savoie, p. 297), combien que messire Antoine,
seigneur de Beaujeu, qui avait été prins au bourg de Lans par lesdits