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A MES CONFRERES DE LA SOCIETE LITTERAIRE Dans le culte du Beau vous la prenez pour guide; Elle est comme un flambeau, comme une sûre égide, Sachant vous abriter des funestes écarts Où l'on voit s'égarer maints disciples des Arts, Sur les pas d'écrivains dont la bruyante gloire Sera comme une tâche au front de notre histoire. Pour vous, des bons auteurs gardant le souvenir, Vous cherchez sur leur trace à grandir l'héritage Des bienfaisants écrits qui seront le partage Qu'un jour reconnaissant recevra l'avenir. Ainsi, dans les Beaux-Arts, par un labeur utile, Vous marchez en traçant comme un sillon fertile Où l'on verra demain éclore et puis germer Le Beau, le Bon, le Bien, que vous savez semer. II Va, sans te soucier des clameurs de la rue, Prépare, laboureur, la prochaine moisson; Pousse, la joie au cœur, vaillamment ta charrue En gourmandant tes bœufs, en chantant ta chanson. Va, ton œuvre féconde est une œuvre bénie, C'est une œuvre de paix, d'amour et d'harmonie, Car par tes soins les corps ne sont plus affamés; Grâce à toi le pain blanc abonde en la mansarde, La faim, spectre effrayant, n'y monte point la garde, L'enfant, calme et riant, y dort à poings fermés. Il se peut que ton nom ne soit jamais célèbre, Qu'il ne franchisse pas le moindre des hameaux; Il se peut, quand la mort viendra d'un doigt funèbre hermer tes yeux au iour et terminer tes maux,