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                      QUELQUES NOTES                       385

bonnet « architecture » et de délicates attaches de rubans, »
ne songe pas un peu, en même temps qu'à sa douleur,
combien ce costume lui sied.
   Dans notre Midi, la douleur ne s'écarte pas de certaines
formes traditionnelles. Elle a des rites. Quand quelqu'un
est mort, les femmes du village s'assemblent chez le défunt
pour pleurer en commun. Un bonhomme meurt. Une voi-
sine accourt pour pleurer. Elle trouve la veuve fort occupée
à balayer, à mettre en ordre, qui lui dit : « Je n'ai pas le
temps de pleurer aujourd'hui, mais venez dimanche, nous
pleurerons toute la journée. »

                                 *
                                **
   Un bonhomme, l'autre jour, était à l'agonie. Il ne restait
dans la chambre que sa femme. Sa fille, ne pouvant sup-
porter ce spectacle, s'était retirée, accablée, dans la chambre
voisine. De temps en temps, elle disait :
   — Maire, fesclato ?
   — Pancaro, mafilho, espêro un momentoun !
   Une demi-heure se passe. Même demande, même
réponse.
   Ainsi de suite pendant trois heures. La pauvre fille s'en-
nuyait à mourir de toujours attendre. Enfin, la mère crie :
   — Esclato, ma filho, esclato !
   Et les deux femmes firent retentir l'air de cris épouvan-
tables.

                              **
   A Nyons, il y avait deux bonnes dames parentes, qui,
l'hiver, se réunissaient pour passer leurs soirées ensemble.
Les soirées d'hiver sont longues. Quand on avait passé en
revue tout le voisinage, lorsque, pour la centième fois, on