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424         LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE

     « L'école royale militaire de Sorèze est à une demi-lieue
 de Castelnaudary. Elle est tenue par des bénédictins qui
 n'ont de moines que l'habit. Il y a 360 écoliers à qui l'on
 apprend à chanter, danser, dessiner, écrire, monter à
 cheval, nager, faire l'exercice, jouer du violon, du haut-
 bois, de la clarinette, du basson, de la basse, donner du
 cor, faire des armes; on leur enseigne le latin, l'anglais,
l'allemand, l'italien et même le français, les mathématiques,
 l'histoire, etc., etc. Enfin que n'y montre-t-on pas! Mais
 ne croyez pas qu'avec tout cet appareil scientifique qui
n'en impose qu'aux aveugles, les enfants sortent de ce
 collège beaucoup plus savans que les nôtres. Sur ce grand
nombre d'écoliers, quelques-uns ont des dispositions natu-
relles, travaillent de bon cœur et sont suivis. Ce sont ceux-là
 dont les moines font parade. D'autres, avec moins de
 facilité ou de bonne volonté, languissent dans les classes,
s'endorment dans leur paresse et restent derrière la toile.
C'est tout comme chez nous. Et je pense qu'à la fin des
études d'un jeune homme élevé dans ces sortes de col-
lèges, on pourroit faire une aussi longue liste de ce qu'il
ignore, que celle de ce qu'on devoit lui montrer. Ce n'est
pas par esprit de critique que je dis cela. C'est l'inconvé-
nient attaché à ces sortes d'éducations, qui sont plutôt insti-
tuées pour la vanité des parens que pour l'avantage réel des
jeunes gens.
   « Vous me demanderez peut-être si j'ai trouvé dans la
bibliothèque du couvent des éditions curieuses, des manus-
crits précieux ou au moins une quantité de bons livres.
Non, vous dirai-je, c'est la seule partie du couvent que l'on
ne m'a pas montrée, et sur la demande que j'en ai faite, on
m'a répondu qu'elle étoit peu considérable. Cela s'entend.
Mais la bibliothèque musicale, composée d'opéras de Gluck,