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                    LE CHRIST
194                             D'IVOIRE

seulement à votre propre volonté, mais à tout vain senti-
ment de gloire humaine.


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   C'est ainsi que le sculpteur Paul Salviati, devint le frère
Palémon.
   Bien que sa douleur seule l'eût préparé à cette vie nou-
velle, rien ne lui parut trop austère ni trop rigoureux, tant
il s'était pénétré, dès le premier jour, de l'esprit de renon-
cement imposé par saint Bruno à ses disciples.
    Le christ qu'il avait ciselé avec tant d'amour, et sous
l'impression d'un sentiment de tristesse, qui ne s'était point
encore effacé, contribuait encore à lui rendre facile l'obser-
vation des règles de la vie religieuse. Car ce christ avait
été placé, dans une chapelle de l'église, dédiée à Notre-
Dame-de-Piété, où figurait aussi une Pieta du xvie siècle,
oeuvre empreinte d'un sentiment religieux exquis, et,
chaque jour, le frère Palémon venait s'agenouiller et prier
devant cette image, qui lui rappelait, à la fois, ses joies
évanouies et les tristesses de son cœur déchiré.


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   Vingt années s'écoulèrent ainsi. A l'expiration de la qua-
trième année de son noviciat, le frère Palémon était devenu
religieux de chœur et avait reçu définitivement le nom de
Dom Palémon. Mais, pendant tout ce temps, il n'avait
jamais cessé, pendant les heures réservées au travail,
d'exécuter quelque œuvre de sculpture. Il avait fait même