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EN 1788 429
De Bordeaux, le 16 mai. — Réponse à la précédente :
« Quoique je craigne plus les Parlements que je ne les
aime, que je me défie de leurs principes et de leur égoïsme
orgueilleux, je n'ai pu lire tous les détails que contient
votre lettre sans en être profondément affecté. » Il déplore
l'incapacité et la faiblesse du roi, la nullité des ministres et
prévoit une catastrophe prochaine. Au sujet des nouvelles
apportées par un navire venant d'Ostie, il parle du roi et
de la reine de Naples, du duc et de la duchesse de Parme,
ménages déplorables, dont le gouvernement est détestable.
« Ce sont de terribles femmes, ces Autrichiennes ! 'A Naples,
à Parme, à Paris, il n'est bruit que d'elles, on ne craint
qu'elles, on ne voit qu'elles, on ne parle que d'elles. Leurs
époux sont presque derrière le rideau. »
De La Rochelle, le 26 mai. — En quittant Bordeaux pour
Paris on traverse la Garonne sur une barque qui porte
voyageurs, passagers, chevaux, voitures et marchandises.
On débarque à la Bastide, petit village sur la rive droite.
Si le voyageur dispose de quelques instants et veut monter
sur une des hauteurs voisines, on jouit d'une vue superbe
sur Bordeaux. Jusqu'Ã Saintes la route est abominable.
Saintes est peu intéressante, M. C. du T . ne s'y arrête pas.
Rochefort est une ville neuve, bâtie par Louis XIV et
dont les rues sont tirées au cordeau comme celles de Ver-
sailles. Elle n'est guère peuplée, le climat en est très mal-
sain, étant entourée de marais et de lagunes qui répandent
des odeurs pestilentielles. Ce qu'il y a de remarquable Ã
Rochefort ce sont les chantiers du roi, immenses chantiers