page suivante »
372 PIERRE DE NOLHAC d'artistes : Léonard, Michel-Ange, Raphaël, fra Bartolom- meo, André del Sarto, se pressent dans la cité. Le grave Hollandais n'est pas encore initié aux choses de l'art et à l'esprit italien. Au mois de novembre, Erasme regagne Bologne où Jules II, vainqueur des Bentivogli, fait une entrée triomphale, « cuirasse au flanc, comme César, dont il aimait à s'appliquer le nom. » Erasme resta treize mois dans cette ville. Son séjour fut troublé par la peste qui éclata l'été suivant (1507). Les Bolonais avaient les passions vives, notre savant put s'en apercevoir un jour où, pris pour un médecin par une foule en délire, on faillit lui faire un mauvais parti. Depuis lors, il obtint de Rome la permission de ne plus porter le vête- ment ecclésiastique. Toutefois Erasme trouva un dédom- magement à ces misères auprès des maîtres distingués de l'université bolonaise. Il se lia avec Scipion Fortigucrra, de Pistoia, surnommé Cartéromachos, érudit aussi modeste que remarquable.il y connut aussi Paolo Bombasio, avec lequel il resta toujours en correspondance affectueuse et suivie. Bombasio, professeur de grec, perfectionna Erasme dans la connaissance de cette langue. Ce fut auprès de lui qu'Erasme augmenta ses Adages, « ce précieux recueil de proverbes antiques commentés par une érudition vivante, inépuisable ». Erasme composa aussi à Bologne d'autres ouvrages, entre autres : Les Anli Barbares, défense des Lettres, qui devait avoir quatre livres et que son ami Richard Pace, égara par malheur. En octobre 1507, il écrit au célèbre imprimeur vénitien Aide pour lui offrir d'imprimer une nouvelle traduction d'Euripide. Aide y consentit volontiers. Encouragé par la bienveillance de ce dernier, Erasme, se proposant de faire paraître une deuxième édition des Adages chez Aide et