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3 5° LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE sur une portion desquelles les enfans de Saint-Bruno ont établi leur domicile, et d'où ils jouissent d'une vue magni- fique, tant sur les bords de la Saône, que sur les plaines qu'arrose le Rhosne. « Le voyageur en entrant dans Lyon de ce côté est séduit par ce premier aspect. Mais qu'il n'avance pas dans l'intérieur de la ville, sinon de petites rues étroites, tor- tueuses, désagréablement pavées, s'ouvriront à peine pour le recevoir. Là , il ne voit le ciel qu'en échantillon. A travers les longs toits qui s'avancent en saillie (2), il n'en découvre qu'une étroite bande azurée. On penseroit que ses anciens habitans craignoient de recevoir librement les bénignes influences de l'air et de la lumière. Mais ce reproche n'est pas à faire seulement à cette ville, il s'étend généralement à toutes celles de province, sans oublier Paris, dont la cité en offre sous nos yeux une preuve authentique. « Tout émerveillé du beau coup d'oeil que m'avoit offert l'entrée de Lyon, je fus encore plus sensible à ce change- ment de situation. Je respirois à peine au milieu de ces petites rues. J'en sortis le plustôt qu'il me fut possible, et pour me consoler, on me conseille d'aller sur l'autre quay, dit de Saint-Clair. Le conseil étoit bon, et j'en profitai. Figurez-vous une suite de fort belles maisons de cinq ou six étages, bâties aux dépens du ciel, un quay superbe bordé parle Rhosne, et orné de trottoirs fort commodes, une vue magnifique en face et des deux côtés, voila le quay Saint- Clair. Ajoutez-y une population immense, active, et malgré (2) Les rues de Lyon étaient renommées à juste titre pour leur exiguïté et leur malpropreté, mais les toitures ne dépassaient pas sensiblement les murs de façade. Il est facile de s'en rendre compte en parcourant les vieilles rues de Saint-Jean et de Saint-Paul.