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les circonstances malheureuses où le commerce se trouve
par le manque de soye (3), un air d'opulence, de luxe et
d'élégance. Deux beaux ponts, l'un en bois, l'autre en pierre,
dit de la Guillotière, communiquent avec une promenade
agréable située de l'autre côté du Rhosne, appelée les Bro-
teaux. Elle ressemble aux Champs-Elisées. On vient s'y
promener, s'y divertir et y goûter. C'est de là, qu'en se
retournant du côté de la ville, on jouit d'un aspect superbe.
Lyon, dominé par Fourvière, se déroule majestueuse-
 ment, devant vous. Parmi les bâtiments qui vous frap-
 pent, vos yeux s'arrêtent sur un édifice d'une architec-
 ture noble et imposante, une coupole le couronne, des
 pilastres le soutiennent, un portique majestueux le décore;
 mais en le regardant plus attentivement, vous vous aper-
 cevez qu'il n'est pas achevé. Une aile presque tout entière
 reste à faire. Ce n'est pas, me dis-je en moi-même, quelque
 couvent de bénédictins, de bernardins, ou d'autres ordres
 riches, car il seroit fini. C'est sans doute quelque bâtiment
 public. De fait je ne me trompay pas. 'C'étoit l'hôpital.



   (3) La misère était terrible en effet. Le 19 juillet 1787 il y eut une
délibération du Consulat qui, devant les besoins pressants d'une multi-
tude d'ouvriers sans travail se borne à constater son impuissance. Il fait
appel à la générosité et au dévouement des citoyens. Le I e r septembre
1787, on ouvre une liste de souscriptions. Le 29 mars 1788, le roi,
frappé de la misère qui menace d'anéantir les manufactures de Lyon,
fait don à la ville pendant vingt ans des droits qui se percevaient à son
profit sur les aspirants à la maîtrise de la grande fabrique, et engage le
Consulat à avancer 300.000 livres pour le soulagement des ouvriers
sans travail. Enfin l'archevêque Marbeuf, par une lettre pastorale datée
de Paris,le 22 novembre 1788, exhorte les fidèles à secourir les pauvres
ouvriers qui manquent de travail. On voit que, seul, le roi, fit preuve
de générosité effective.