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348         LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE

dans d'autres, il présentoit et des grosses pierres et des
inégalités sans nombre que l'obscurité empêchoitde prévoir,
ce dont de temps en temps je recevois des commotions
capables de réveiller l'homme le plus endormi. Qu'avec
une vive satisfaction je vis l'aurore annoncer le retour de
la lumière, dorer le sommet des montagnes alors couvertes
d'un léger vernis de neige, et la nature se revêtir peu à peu
de son bel ajustement!
   « Au point du jour je traversay Roanne, qui me parut
une ville considérable. Elle fait un grand commerce d'en-
trepôts et de commission. De petites charettes, traînées par
des bœufs, viennent journellement lui apporter des vins que
l'on dépose sur son port, pour de là être chargés sur des
bateaux que la Loire transporte à Paris ou ailleurs.
   « De montagnes en montagnes, en montant, descendant,
remontant, je parvins à la fameuse montagne, au bas de
laquelle est le bourg de Tarare qui lui donne son nom,
lequel est un fort vilain endroit. Quand on est sur son
sommet, on jouit d'un aspect très varié et très intéressant.
Autour de soy, sont répandues ça et là d'autres éminences
plus ou moins grandes. La plupart formant un cône arrondi
par l'action des vents et de la pluye, les uns arides, d'autres
cultivés; ici de petits chênes nés au milieu des neiges,
des glaçons les habillent en partie, là, des sapins et des
bruyères, et partout leurs anfractuosités présentent (surtout
en été), des aperçus délicieux, des points de vue pitto-
resques, enrichis de côté et d'autre par des chalets semés
sans ordre, tantôt sur un sommet, tantôt à mi-côte, et tantôt
dans un vallon, lequel est animé lui-même par des ruisseaux
serpentant dans la prairie. »