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'300 LES SIRES DE BEAUJEU nombreux actes de dévouement et de fidélité, les sacrifices éclatants de tous les prédécesseurs, auraient dû effacer à ses yeux les crimes d'un seul. De plus, il était de son intérêt de conserver une famille, sur laquelle elle avait pu jusque- là absolument compter dans les jours difficiles, au lieu de laisser augmenter les biens déjà trop considérables d'une grande famille, à qui sa puissance, jointe à son origine royale, pouvait inspirer des ambitions trop hautes. La trahison du duc de Bourbon, après plusieurs autres exemples, montra plus tard le danger des princes et des feudataires trop puissants. Il eût été bien préférable pour la royauté, d'avoir autour d'elle des seigneurs moins forts et plus dévoués, tels qu'étaient ceux de la maison de Beaujeu. Si cette maison n'avait pas ainsi disparu de l'histoire comme famille souveraine, les successeurs de son dernier représentant, plus soucieux que lui de l'honneur de leur nom, se seraient fait gloire de l'illustrer de nouveau, en continuant à prendre part aux longues luttes de la guerre de Cent Ans. On peut le conjecturer par les vives récla- mations que les seigneurs de Beaujeu-Linières, émus de la ruine de leur famille, élevèrent contre cette cession faite à une maison étrangère du patrimoine de leurs ancêtres ; réclamations dont se faisait l'écho indigné, Philibert Beau- jeu, le dernier de leurs membres, devant François I er , dont il était chambellan. Du reste, le chef de cette branche, Guillaume, se distingua au service du roi et se fit tuer à la bataille de Poitiers ; ses descendants semblent avoir été capables d'acquérir les plus hautes charges, si leur situation avait répondu à l'illustration de leur origine. Ils auraient mérité sans doute de prendre place au milieu de ces hardis capitaines, qui à la suite de Jeanne d'Arc délivrèrent la France de la domination anglaise. Cet honneur leur a été