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282 LES SIRES DE BEAUJEU Le comte d'Artois, malgré son serment, s'étant jeté sur les Sarrazins qu'il mit d'abord en fuite, se trouva bientôt cerné par eux dans la ville de la Massoure. Humbert qui l'avait suivi pour le défendre, fut bientôt séparé de lui par la foule des ennemis ; ne voyant pas d'autre moyen de salut, il s'ouvrit un passage au milieu des Sarrazins, pour aller chercher du secours. Comme il ramenait avec lui de nouvelles troupes, il apprit que le roi courait le danger d'être pris : cette nouvelle le força à revenir sur ses pas. pendant que le comte d'Artois succombait sous le nombre de ses ennemis. Saint Louis en effet, entouré d'ennemis, n'échappa à leurs coups que grâce à son courage et au dévouement de ses chevaliers. Arrivé près du roi, Humbert fit aussitôt avancer les arbalétriers pour garder le pont qui pouvait donner passage aux infidèles ; cet habile mouve- ment obligea enfin ceux-ci à se retirer. Mais la peste ayant fait de grands ravages dans l'armée, saint Louis fut con- traint de se rendre avec tous ses seigneurs survivants. Le connétable fut du nombre des prisonniers ; il mourut peu de temps après de maladie ou des suites de ses fati- gues, après s'être distingué dans cette malheureuse croi- sade. Humbert V passa la plus grande et la plus active partie de sa vie à guerroyer pour son roi et pour la France. Gui- chard V, son fils, vécut presque constamment dans ses États qu'il s'occupa à bien administrer et à faire prospérer. Ce fut lui qui fit rédiger, après avoir juré de les observer, les privilèges de Villefranche, tels que nous les possédons. A la fin pourtant le roi qui connaissait sa sagesse et son habileté le força à se charger d'une ambassade en Angle- terre. Il accepta cette mission, bien qu'elle le tirât de son cher Beaujolais qu'il n'avait guère quitté jusque-là , et qu'elle