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206                LES SIRES DE BEAUJEU

premiers torts. Cette guerre fut terminée par l'arbitrage du
bailli de Mâcon. Il ne faut pas s'étonner de cette humeur
guerrière de ces deux archevêques, car ils appartenaient à
une famille féodale, qui joua un rôle considérable dans la
Dombes, et ils en gardèrent naturellement l'esprit batailleur
et le caractère un peu altier.
   Après avoir exposé sans déguisement les violences de
nos sires contre diverses églises, il convient de mettre en
regard les nombreux bienfaits par lesquels ils compensèrent
et au-delà ces injustices. J'ai déjà fait voir qu'à l'égard de
Cluny, la générosité de nos premiers seigneurs dépassa
toujours de beaucoup le mal qu'ils lui causèrent, surtou t
si l'on tient compte de ce fait, que plusieurs de leurs frères
et de leurs parents les imitèrent dans leur libéralité. Leurs
successeurs, à partir d'Humbert II, non seulement cessèrent
de tracasser cette abbaye, mais encore la prirent sous leur
protection et la défendirent vigoureusement contre ses
ennemis. Il semble que saint Mayeul, abbé de Cluny, ait
prévu le rôle que cette famille allait prendre à l'égard de
son monastère, à l'époque même où elle se montrait le
plus hostile. Humbert I " ayant fait quelques torts à son
abbaye, ce saint, au lieu de l'excommunier selon l'usage, lui
recommanda et mit sous sa protection quatre obéances
situées dans le Beaujolais. Noble vengeance qui fait honneur
à saint Mayeul et aussi au baron qui, malgré ses écarts,
avait su lui inspirer une si haute idée de la noblesse de son
caractère.
   Fidèle aux traditions de sa famille, Humbert III fut un
des plus fermes défenseurs de Cluny. A son retour de
Jérusalem, il mit à la raison le comte de Mâcon, qui selon
l'expression de Pierre le Vénérable, se tenait jour et nuit
aux aguets, comme un loup, pour nuire à cette abbaye. Il