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                     LE CHRIST D'iVOIRE                   187

précéder les courses de taureaux qui sont demeurées, jus-
 qu'à nos jours, le spectacle le plus populaire du Midi.
    Déjà, depuis plusieurs heures, la fête suivait son cours.
On venait de couronner, comme aux jeux de la Grèce
antique, le vainqueur de la lutte; la barrière allait s'ouvrir
pour livrer passage à l'un des taureaux devant figurer dans
la course annoncée, et la foule attendait avec impatience
que ce dernier spectacle commençât, quand, tout à coup,
un bruit sourd et sinistre se fait entendre. C'est une partie
de l'amphithéâtre qui s'écroule avec fracas.
   A ce bruit succèdent des cris de douleur et des pleurs de
femmes et d'enfants. On accourt, on s'empresse de sauver
les victimes de cet affreux accident. Mais quand on peut les
dégager enfin des décombres, on retrouve au milieu de
nombreux blessés, dix morts, écrasés sous le poids des
madriers qui s'étaient rompus. Et parmi ces morts se trouve
la jeune femme de Paul Salviati.

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   Ce dernier en fut comme fou de douleur et rien ne sau-
rait égaler son désespoir. Sous ce coup foudroyant n'étaient-
ce pas, en effet, tous ses rêves d'avenir qui s'envolaient
pour jamais?
   D'autres, après avoir subi de pareilles épreuves, se
résignent à recommencer la vie. Paul Salviati n'était pas de
ceux-là. Autant son bonheur avait été grand, autant le
désenchantement était immense et profond. Sous l'empire
de sa douleur, sa détermination fut bientôt prise et d'une
manière irrévocable.
   Après avoir rendu les derniers devoirs à celle qu'il avait
tant aimée; après avoir placé, sur sa tombe, son buste