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I42 VIEUX MOTS LYONNAIS parties me reviennent à la mémoire : On jouait aux ognes, au pôt, au carré, à cha tant qui en tombe... Mais je me sou- viens aussi que souvent quelque écumeur du pavé, généra- lement un grand, un décavé d'une partie voisine, survenait et faisait brisquaille, et fuyait malgré nos pleurs et nos cris. Et sur l'ancienne place de la Préfecture, quelles enragées parties defiarde, quand les revendeuses avaient fermé leurs immenses parasols et rejoint leurs tréteaux. Et tout auprès il y avait un pâtissier fameux, Dodat ; il fallait monter quelques marches pour entrer dans sa boutique, aujourd'hui il faut descendre. C'était lui qui de tous ses confrères, donnait le plus de cassé, quand nous avions un sou. Nous le savions bien, nous l'honorions de notre clientèle. Il n'y avait pas encore d'écoles de gymnastique pour les enfants, mais nous n'en avions cure. Je vois encore ces immenses bouteroues qui formaient l'avant-garde de la grille de la Préfecture; ils me paraissaient d'une hauteur prodi- gieuse; n'importe, ils nous servaient de cheval-fondu, et c'étaient des galopades folles par bandes de quinze ou vingt sauteurs, qui franchissaient ces géants ou qui s'abou- chaient par terre ; on commençait par un bout et toute la ranche y passait ; à l'autre extrémité il n'y avait jamais le même nombre qu'au départ. Et ces parties de cachette, où l'on s'aventurait dans tous les coins de Lyon. Les plus petites mettes, les allées qui traversent, nous étaient connues. Par elles on pouvait aller des Terreaux à la place Bellecour; ce n'étaient plus des partie de cachette, c'étaient des chasses de Peau-Rouge. On allait, on pénétrait partout. Un jour, je ne sais comment, je me suis trouvé dans un édifice silencieux, avec des dalles sous mes pieds, une voûte sur ma tête, et sur les murs