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VIEUX MOTS LYONNAIS 143 jaunes des inscriptions noires : Dieu te voit — C'est ici la maison de Dieu... C'était le cloître des Chartreux. Et cet autre plaisir de l'été si cher aux Lyonnais, la bai- gnade. C'était la grande fierté des gones de Lyon d'être de bons nageurs. On aurait bien consenti à ne pas savoir ni lire, ni écrire, mais ne pas savoir nager, c'eût été trop grande déchéance. Il n'y avait défense paternelle ou maternelle qui pût arrêter. Par bandes on allait au ruisseau de la Tête- d'Or, aux fossés d'enceinte, aux loties de la Mouche, ou au grand Rhône. Quel orgueil de faire correctement peter ses agoliaux ou de piquer des têtes du haut des sapines, des plates, voire même des ponts. Je me souviens même d'une formidable décize accomplie un jour de Miribel à Lyon. Aujourd'hui il y a des bêches; les bons nageurs y sont-ils nombreux? Et les poursuites des larmizes au printemps, et les fuites précipitées, quand survenait une radêe, pour se mettre à la soute, et les jeux de toutes sortes, la caniche ou les classes qu'il fallait franchir à la jambe-rotle, et la semelle à bomber, et la bauche caminante, et le quinet avec son sacramentel : Point de pas de chien; et l'hiver avec ses glissoires sur lesquelles les timides s'aventuraient à cacaboson, ou avec ses béates stations près du risoleur de marrons, quand le temps était chanin. De ces expéditions désobéissantes, on revenait souvent avanglé, la tignasse en désordre, un panaire déchiré, des chaussures qui faisaient regret. En rentrant à la maison, c'était une dare formidable qui vous attendait, généralement suivie d'une raclée à coup de picarlais. Mais, comme dit Guignol, c'était tout de même bien cananl, et vite on grim- pait à la suspente pour abréger les arias. Mais je m'arrête, je m'aperçois que je parle un singulier