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                      LES SIKES DE BEAUJEU                          I?)

place quand il en fut en possession (9). Un tel oubli ne se
comprend pas vis-à-vis d'une famille qui se dépensait sans
compter pour son service, et dont le chef venait de se faire
tuer à trente-cinq ans, sur le champ de bataille d'Ardres.
   Je me suis étendu sur ce démembrement considérable
du domaine de nos sires, d'abord parce que M. de Laroche-
Lacarelle n'en parle pas, et ensuite pour montrer par les
faits qu'un tel désastre arriva moins par leur faute que par
un concours fatal de circonstances, contre lequel le cou-
rage et l'habileté ne peuvent rien. Tout se réunit pour
l'amener. Il fallut pour cela la déloyauté du comte de
Savoie, qui refusa son aide, au moment décisif, au fils de
ses plus fidèles alliés et parents, quand tout l'y obligeait ;
il fallut l'intervention inopportune du roi de France, qui
imposa la trêve, alors qu'Edouard était prêt pour la
revanche ; il fallut ensuite la cession du Dauphine, qui
coupa court à toutes les revendications futures de notre
sire, et lui imposa le fait accompli. Et pour couronner cet
ensemble de circonstances malheureuses, il arriva qu'au
moment de cet échange de terres entre le dauphin et le
comte, la baronnie de Beaujeu avait à sa tête, non plus un
homme qui aurait pu, avec ses droits, faire valoir ses
services et ceux de ses ancêtres auprès du roi et du comte,


   (9) La pièce qui constate cette remise temporaire de Châteauneuf est
aujourd'hui perdue, mais elle se trouve inventoriée dans le Procès-verbal
pour la séparation des titres du Beaujolais, sous ce titre : « Lettres de
Philippe pour donner à Edouard de Beaujeu la ville et château de
Châteauneuf, jusqu'à ce qu'Humbert, dauphin de Viennois lui eût
rendu le château et châtellenie de Miribel » (Arch. nat. R4 927, f° 123).
Quand Philippe posséda lui-même Miribel, il ne pensa plus à sa lettre
de cession, trouvant sans doute que cette seigneurie, qui avait été
bonne à recevoir, était aussi bonne à garder.