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66 L'INDUSTRIE DE LA SOIE dans une situation privilégiée, mais ils ont le bénéfice, au moins l'Angleterre et l'Allemagne, de l'appui de colo- nies nombreuses d'immigrants très attachés à la mère patrie. Pour que, au temps où nous écrivons, la France puisse vendre à l'étranger des tissus de soie de ses ma- nufactures pour 360, 380 ou 400 millions, suivant le compte qu'on en fera, il faut qu'il y ait en elle une telle force que celle-ci puisse compenser les conditions d'infériorité que, vraiment bien imprudemment, nous- mêmes Français, nous lui attribuons. Nous gardons en effet nos positions. Nous les gardons à la vérité avec quelque peine. Nos exportations ne sont plus en progression ascendante, les risques ont augmenté, les profits sont moindres, les efforts doivent être plus grands, mais enfin, malgré les embarras de toute sorte qu'on connaît, notre industrie ne montre aucun affaiblissement. La fabrique de Lyon est bien armée pour la lutte. Elle a pour les tâches principales et pour les tâches accessoires l'outillage le mieux ordonné. Son outillage humain est même supérieur à l'outillage matériel, et des deux le premier est le plus précieux. C'est que, pour le tissage de la soie, la valeur de l'homme, c'est- à -dire le pouvoir de l'intelligence et du travail, fait plus que le pouvoir du capital. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit des arts du. dessin et de notre tempérament d'artiste qui nous en rend la culture si facile. Il y a en effet chez le Lyonnais un esprit inventif et un sens critique alliés à un bon goût inné. On peut se demander néanmoins si tout est bien ordonné pour faire pénétrer, pour entretenir, dans notre peuple le sentiment le plus juste de l'art, de