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SOUVENIRS ACADÉMIQUES LYONNAIS 473 d'ingénieurs des mines, il répondit brusquement : « Vous osez me soutenir cela, à moi qui ai passé la moitié de ma vie sous terre »? « Il n'y paraît que trop », répliqua son contradicteur. Encore mieux y paraissait-il à toutes les observations, qu'il avait recueillies sur les couches souter- raines de notre sol et aux conclusions qu'il savait en tirer. A ses leçons de la Faculté s'était formée à Lyon une école d'amateurs de la géologie, explorant, le marteau à la main, toutes les roches, tous les terrains de la région. Voici, d'ailleurs, une anecdote qui montre jusqu'où pou- vait aller cette passion de la géologie inspirée par Fournet. J'ai entendu raconter qu'au retour d'une excursion, un de ses élèves les plus zélés que je pourrais nommer, en débar- quant du bateau à vapeur, tomba dans le Rhône avec son lourd butin de roches et de cailloux ; quoique étant au risque de se noyer, il ne pensa qu'à ses chers échantillons noyés avec lui, et il s'écria, non pas ': « Sauvez-moi ! » mais : « Sauvez mes minéraux ! ». Nous eûmes aussi, à la même époque, deux mathémati- ciens de premier ordre, BRIOT et BOUQUET qui nous furent bientôt enlevés par Paris et par l'Institut. La santé de FRENET, leur digne successeur, l'éloigna trop tôt de Lyon, de la Faculté des Sciences et de l'Académie. De la Faculté des Lettres après VICTOR DE LAPRADE, vint à l'Académie DARESTE DE LA CHAVANNE, mon successeur au décanat, auteur de cette grande histoire de France, deux fois honorée du prix Gobert par l'Académie française; puis HEINRICH, l'auteur de l'Histoire de la littérature allemande, qu'aucun travail du même genre n'a encore dépassée. Heinrich, votre excellent secrétaire général, dont je ne dirai rien de plus, parce que la plupart d'entre vous, vous l'avez connu, vous l'avez vu à l'œuvre et vous l'avez appré-> cié et aimé comme moi.