page suivante »
470 SOUVENIRS ACADEMIQUES LYONNAIS n'offenserai pas sa mémoire en ajoutant qu'il y réussissait moins bien qu'à faire des opérations d'une main, dit-on, presque toujours heureuse. * J'ai connu bien des présidents plus ou moins compli- menteurs, c'est d'ailleurs un peu dans leur rôle, mais je n'en ai pas connu qui le fût autant que le conseiller MENOUX qui présidait alors l'Académie. Il tournait tout en madrigal, à l'Académie et même aussi, disait-on, à la Cour d'assises. Quelqu'un qui faisait beaucoup moins de compliments et de madrigaux, c'est le docteur RICHARD DE LAPRADE, à la parole mordante et incisive, fort intransigeant en poli- tique, comme on dit aujourd'hui, très arrêté aussi dans ses doctrines médicales. Dans une savante brochure intitulée Animisme et Vitalisme, il me fit l'honneur de rompre une lance avec moi en faveur du duodynamisme de Mont- pellier. Il avait déjà la satisfaction de voir assis à côté.de lui son fils, notre grand poète, qui était alors mon collègue à la Faculté des lettres. Quelques années après il eut la satis- faction plus grande de le voir entrer à l'Académie française. Cette élection fut un jour de fête pour toute notre Com- pagnie, qui la célébra par un grand banquet offert au père et au fils. Nous avions d'autres poètes, mais nullement lyriques et d'un vol moins élevé. Tels étaient M. DE MONTHEROT, le beau-frère de Lamartine, qui faisait des petits vers amu- sants et spirituels ; tel était aussi M. DUMAS, alors secrétaire perpétuel, qui, à l'imitation de M. Viennet à l'Académie française, faisait des contes et des fables dont il égayait nos séances privées et publiques. Je fais plus de cas de son Histoire de l'Académie qui restera un monument en notre honneur. Un autre poète de plus de talent était Jean TISSEUR, à la figure spirituelle et quelque peu maligne,