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428            D'UN MUSÉE HISTORIQUE A LYON

l'installation d'un musée si nécessaire. C'est incroyable ce
qui se perd, chaque année, d'antiquités ou d'objets curieux
et historiques qui mériteraient d'être conservés. En quelques
mois j'en ai fait la pénible expérience. Dans deux démoli-
tions opérées sous mes yeux, on a trouvé des sculptures
anciennes et des débris d'inscriptions; j'en ai recueilli
quelques-unes, mais le reste m'a échappé et a été probable-
ment perdu par suite de l'indifférence publique. De passage
à Lyon je n'avais ni le temps ni le moyen de les acquérir
toutes. Je les ai bien signalées à un amateur; mais comment
un amateur, malgré toute sa bonne volonté, pourrait-il
rassembler dans un appartement nécessairement restreint,
tous les objets qui se rencontrent à chaque instant? Il fait
un choix des plus rares et des moins encombrants ; et à son
grand regret il se voit contraint d'abandonner les autres à
leur triste sort; c'est-à-dire qu'ils seront employés comme
de vulgaires matériaux si ce sont des pierres, ou bien vendus
à des passants ou à des marchands, qui à leur tour les ven-
dront à des amateurs. De toutes façons ces trouvailles, qui
auraient pu être si utiles à l'histoire de la ville, ne lui servi-
ront absolument de rien.
   Pour se rendre compte de l'influence considérable que
des musées nombreux peuvent exercer sur une population
pour former et développer le goût des arts, qu'on réfléchisse
sur ce qui se passait au Moyen Age. D'où vient qu'alors le
sens artistique était si général, qu'il n'est presque pas de
petites villes qui ne conservent encore aujourd'hui quelques
restes remarquables de monuments civils, religieux ou
militaires de cette époque? C'est que les objets d'art étaient
répandus partout à profusion : les abbayes, les seigneurs,
les simples marchands possédaient en ce genre des richesses
prodigieuses. Les plus modestes églises de village étaient