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416            ÉTUDE SUR QUELQUES ANNÉES

   Dans l'entourage du roi deux sortes d'influences étaient'
redoutables pour Richelieu : celle de la reine mère qui
avait longtemps commandé à une volonté un peu vacillante,
celle du confesseur qui s'adressait à une conscience délicate.
Le ministre fut assez habile pour les vaincre l'une après
l'autre, mais non sans peine surtout pendant que le Père
Caussin fut en fonction. Ce Père dut faire une peur sérieuse
à Richelieu qui le fit changer sous divers prétextes graves
mais peu justifiés. Aussi le cardinal en parle-t-il rageuse-
ment, avec mépris, l'appelant : « Ce bon petit père, ce
petit bonhomme. » Un tel ton est rare dans les Mémoires
qui visent d'ordinaire à l'allure grave de l'histoire, et donne
 à penser que Richelieu a plus craint cet adversaire que
tous ceux qu'il a traités avec le plus de violence. Rappelons
 aussi que c'est le Père Caussin qui reprochait au roi de
 retenir en prison ou sous un régime de terreur si grand
 nombre de ses sujets et de traiter trop inhumainement sa
 mère. Le roi avait un esprit étroit mais une âme religieuse,
 et les raisonnements de conscience pouvaient faire sur lui
 une impression dangereuse pour le ministre.
   Celui-ci, non content d'abattre son adversaire, voulut
prévenir autant que possible tout danger qui lui pourrait
venir du successeur du Père Caussin, le Père Sirmond.
Aussi recommanda-t-il au roi de ne point trop le laisser
approcher de sa personne; et, ajoutent ses Mémoires :
« Afin que le Père Sirmond ne pensât pas qu'en ne lui
laissant pas la liberté de mal faire on lui voulait ôter celle
dî faire le bien, on l'avertit que s'il trouvait quelque chose
à redire à la conduite qui s'observait dans l'État, Sa Majesté
trouvait bon qu'il en demandât l'éclaircissement à ceux de
son conseil. » Autrement d#t, pour bien confesser le roi il
devait d'abord confesser ses ministres.