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412             ETUDE SUR QUELQUES ANNEES

installés à la cour, il n'y eut trames noires et odieuses qu'ils
imputèrent au Père de Chanteloube et à la reine mère.
Mais il est difficile de les croire sur parole. Il leur conve-
nait trop bien de chanter cet air-là, car plus ils chargeaient
leurs anciens alliés, plus ils croyaient blanchir leur propre
conscience qui eu avait grand besoin.
   Le procédé est peu noble, mais bien dans le caractère
connu de ceux qui l'employèrent ; ils étaient désireux de
complaire au ministre en flattant ses passions, en se pliant
à sa politique : pour ces raisons leurs assertions doivent
être suspectes à la postérité.
   Du reste, il y a dans les Mémoires de Richelieu, au sujet
des complots dévoilés par Gaston, une phrase fort curieuse
et qui permet de juger à leur, valeur les renseignements
obtenus. Parlant de la manière employée pour décider le
prince à parler, Richelieu s'exprime ainsi :
    « Non pas que Monsieur contât ces choses de lui-même,
mais le cardinal lui demandait s'il n'était pas vrai qu'on lui
disait telles et telles choses et il l'avouait ingénuement. »
    C'est qu'en effet Monsieur n'était pas un coupable repen-
tant, venant s'accuser de ses fautes et dévoiler, pour le
 bien de l'État, les trames ourdies contre son repos et sa
 prospérité. Esprit frivole et cœur lâche, il parlait sans
réflexion, mû par le seul désir de plaire au roi et au
ministre qu'il craignait ; prêt à se disculper en chargeant
les autres. La Providence montra sa bonté envers la France
 en ne lui donnant pas un tel maître. Elle retarda ainsi la
révolution qui se fût faite sous un roi misérable comme
Gaston, et permit à la vieille mouarchie française, avant
 sa chute tragique, de répandre encore un incomparable
 éclat dans la personne de Louis XIV qui a personnifie en
 lui-même le plus grand siècle de notre histoire.