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LA 39<> CHAPELLE DE GRANGE-BLANCHE et dont il ne reste qu'une petite grange, se rattache encore un souvenir : c'est une légende fort invraisemblable, qu'ai- maient néanmoins à raconter les bonnes gens de Champ- vert. Elle m'a été redite dans mon enfance par mes grands-parents (10) et, en narrateur fidèle, je dois en tenir compte à ceux de nos lecteurs qui ont eu la patience et la bonne volonté de me suivre jusqu'ici. On sait qu'en 1814, la Demi-Lune a été le théâtre d'un sanglant combat contre les Autrichiens. Le 20 juin, après une résistance désespérée, le petit corps d'armée, com- mandé par le général Digeon, fut obligé d'abandonner ses positions de Grange-Blanche et de se replier dans Lyon. Les Autrichiens restèrent maîtres du pays. On remarquait autrefois sur l'une des marches de pierre du perron de la chapelle, celle qui touchait le sol, trois entailles. Ces entailles faites, dit-on, à coup de sabre par les Autrichiens, étaient une marque destinée à faire recon- naître l'emplacement du trésor de l'armée caché dans la chapelle, et laissé là on ne sait pourquoi. L'imagination populaire se figura longtemps que la chapelle recelait un mystérieux et précieux dépôt. Quoi qu'il en soit, lorsque la chapelle fut convertie en remise, on enleva le carrelage pour baisser le sol. Ce carre- lage était composé de petits carreaux en terre cuite, comme il en existe dans toutes nos vieilles maisons. A peu de dis- (10) Des renseignements très précis m'ont été fournis à cet égard par M. François Braveray, vieillard de 78 ans, retiré aujourd'hui à Tassin. M. Braveray a été pendant vingt ans jardinier chez M. Rater, il s'y trouvait au moment de la transformation de la chapelle ; c'est un aimable vieillard jouissant encore d'une belle santé et d'une excellente mémoire. (Novembre 1891.)