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             LES CONFESSIONS DE M"1' ARTHUS               363

son chapeau, et élevant la voix : « M. de Regnaudy, faites-
moi, je vous prie, l'honneur de me présenter à madame. »
   Le tableau était à point. Le Consul s'était empressé
d'enlever son foulard, et le malheureux officier, sa casquette
à la main, torturait les boutons de son dolman et retirait
avec force, comme pour l'allonger et cacher le plus pos-
sible de son malencontreux caleçon.



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   Cette plaisante histoire m'a été contée par Mme Arthus
elle-même, lorsque je l'ai revue à Bar-sur-Mer. Elle procé-
dait à son déménagement et se préparait à partir pour le
chef-lieu du Pas-des-Pyrénées, où elle devait prochainement
épouser M. de Regnaudy.
   « Car, me confia-t-elle, je dus reconnaître, une fois le
premier mouvement de surprise passé, que, des trois per-
sonnages, M. de Regnaudy était celui qui supportait le
mieux, et de beaucoup, une aussi terrible épreuve. Le gen-
tilhomme se retrouvait tout entier dans le salut et le geste
qu'il esquissa pour cette présentation imprévue. J'acquis la
conviction que, chez lui, l'homme est capable de survivre à
l'uniforme ; et je ne suis pas fâchée de l'avoir constaté. »
   Ce fut la fin des confessions de Mme Arthus. Je n'ai pas
eu l'occasion de recevoir celles de Mmtr de Regnaudy.


                                   Auguste BLETON.