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LES CONFESSIONS DE M me ARTHUS 355 — Tout à fait, je vous en donne ma parole. — Eh bien, au point où en sont les choses, j'imagine que, le principe étant admis, l'application ne s'en fera plus guère attendre. — C'est le secret de l'avenir. Je serai très difficile, croyez- le bien. » Sur cette déclaration, je me lève pour prendre congé, et, mon chapeau à [la main, j'ajoute en manière de plaisan- terie : « Quel dommage que je ne sois pas garçon et que je n'aie pas dix ans de moins! Je me mettrai sur les rangs. » Mais elle, avec un bon et franc rire : « Vous me semblez d'une nature à donner plus de conseils que d'ordres, et c'est d'être commandée que j'ai surtout besoin. Vous com- prenez bien que je ne voudrais pas être, à tout propos, obligée d'entamer avec mon seigneur et maître d'aussi longues confessions que celle d'aujourd'hui. J'y ai, cepen- dant, éprouvé un véritable soulagement. Merci. Je vous suis bien reconnaissante. » Alors, prenant de chaque main un de ses enfants, elle me reconduit à la grille, en renouvelant ses remerciements et en me disant : « A votre prochain voyage, n'est-ce-pas? S'il y avait lieu, vous m'autorisez à vous écrire. » * ** Vous comptez, lecteur ou lectrice, que je vais vous expli- quer ce qui peut, à bon droit, vous paraître bizarre en cette affaire : une dame qui attend un monsieur au passage afin de lui faire ses confidences les plus intimes, une femme qui ne peut se passer d'avoir un maître, une veuve décidée